Faut-il manger du poisson?

Si le poisson a longtemps été cité comme une saine habitude alimentaire par les nutritionnistes, la nouvelle tendance nous indique de le faire avec parcimonie. Comme on entend souvent parler de surpêche et de techniques de pêche extrêmement dommageable pour les écosystèmes marins, je pensais que les poissons d’élevage étaient une bonne solution. Je me trompais.

D’abord, c’est vrai que le poisson est une bonne source vitamine A, D, E, B6, B12 et d’oméga 3. Si les poissons dits gras sont ceux qui contiennent le plus ces éléments bénéfiques, ce sont aussi ceux qui sont le plus contaminés. Voici des exemples de poissons gras : saumon, hareng, truite, maquereau, sardine et anchois.

J’ai récemment écouté deux documentaires sur les fermes piscicoles : Fillet oh fish et Salmon Confidential. Fillet oh fish, documentaire français, a été réalisé à la suite d’une étude française faite en 2010. L’étude recommande de limiter la consommation de poissons gras, car les contaminants ont un impact sur le foetus et l’enfant lors de la grossesse et l’allaitement. On parle d’un maximum de 200g / semaine de poissons gras et de 50g / semaine de poissons maigres, mollusques ou crustacés.

Fillet oh fish

Pangasisus, ça vous dit quelque chose? Autrefois presque inconnu, c’est aujourd’hui l’un des poissons les plus populaires. D’abord parce que le poisson coûte beaucoup moins cher que d’autre espèce. Ensuite, parce que les additifs limitent son goût et son odeur ce qui permet de faire ressortir les épices avec lesquelles on l’assaisonne.

Empreinte écologique et conditions de travail

Pourquoi mettre des additifs? La majorité des pangasius proviennent du Viet Nam. Non seulement l’empreinte écologique du transport est un non-sens, mais on peut aussi douter des normes de travail. Dans l’entreprise de M. Minh, le plus gros producteur de Pangasius au Viet Nam, certains employés gagnent bien leur vie s’ils sont productifs. Comme les fileteurs sont payés en fonction de leur production, ils ont un bon salaire à la seule condition de fileter 10 heures par jour, 6 jours semaine et en consacrant un maximum de 10 secondes par filets.

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Contamination des cours d’eau

Le problème au Viet Nam c’est que les cours d’eau sont extrêmement pollués. Comme les habitants et les compagnies jettent leurs déchets dans l’eau, les niveaux de pollution y sont très élevés. Les poissons étant malades, les producteurs piscicoles doivent ajouter d’énormes quantités d’antibiotiques à l’eau. Et ce, de plus en plus, car ces derniers s’accoutument aux produits.

Mutations génétiques

Le Viet Nam fait cependant pâle figure devant la Norvège quant à l’utilisation de pesticides. Le fjord norvégien est tapissé d’une couche de contaminants de 15 mètres d’épaisseur se composant des rejets de l’exploitation piscicole. Pourquoi l’utilisation de pesticides? Pour tuer le pou du saumon, un parasite qui affecte les poissons. Comme les bassins des fermes piscicoles sont des concentrés de bactéries et autres, l’hygiène de l’eau n’est pas terrible. Toutes les conditions y sont rassemblées pour la prolifération des parasites ou même de culture de virus. Évidemment, l’usage de pesticide cause des mutations génétiques importantes. Comme on le voit dans le documentaire, près de 50% des morues sont déformées.

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Isavirus

La Norvège est un immense producteur de poissons, c’est la base de son économie avec l’extraction de pétrole. C’est aussi le premier pays qui identifia la présence de l’isavirus en 1984. L’isavirus (anémie infectieuse du saumon) est une forme d’anémie qui tue les poissons, et ce, massivement. À titre d’exemple, en 2007 le Chili aurait accusé des pertes d’environ 2 milliards à cause de cette infection. Le Chili, qui n’a pas naturellement de saumons, avait acheté des œufs dont la souche provenait de colonies norvégiennes affectées par l’isavirus. Le problème est tout autre au Canada à cause de la présence de saumons sauvages, nous y reviendrons.

Poissons pollués

De plus, la mer Baltique est l’une des plus polluées du monde. Comme elle est presque clause, l’eau a du mal à se renouveler et les contaminants y restent enfermés. L’eau ne se serait pas renouvelée depuis environ 30 ans et les pays industrialisés qui la bordent rejettent des contaminants industriels dans la mer. Un beau cocktail.

Mais si l’eau y est pour beaucoup, les chercheurs se sont aperçus que les poissons élevés, en comparaison avec les sauvages, étaient extrêmement contaminés. Pourquoi? À cause de leur nourriture à laquelle est ajouté un pesticide empêchant de rancir. Ce produit se nomme Éthoxyquine et, ironiquement, est breveté par Monsanto. Comme d’habitude Monsanto n’a pas fait d’étude d’impact sur la santé humaine et a fait taire les scientifiques qui voulaient faire la lumière sur ce problème.

Ensuite, il faut savoir que les polluants restent attachés au gras des espèces animales. Donc, le saumon, étant un poisson gras, contient beaucoup plus de polluants que des poissons non carnivores. Les concentrations de polluants ou pesticides autorisés dans les poissons sont de 50 µg / kg, mais on en trouve jusqu’à 16 fois plus dans les poissons issus de piscicultures.

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Poissons sauvages VS poissons d’élevage et d’élevage bio


Comme les poissons sauvages ne mangent pas les granules à la sauce Monsanto, les concentrations sont nulles ou quasi-inexistante. Et le poisson bio d’élevage dans tout ça? Malheureusement, ils contiennent des concentrations presque autant dangereuses que les autres poissons non bios. En gros, les poissons de fermes piscicoles, c’est mauvais pour l’humain. Pourquoi en acheter dans ce cas? Parce que c’est moins cher, voilà tout.

Par ailleurs, il y a des normes pour l’alimentation des volailles, bovins, etc., mais pas pour les poissons. Sans norme, c’est le Far West. C’est pourquoi l’Europe encourage de moins en moins la consommation de poisson et que les poissonneries en Suède doivent avertir les consommateurs des risques qu’ils encourent lors de l’achat.

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L’éthoxyquine, ça fait quoi?

Nous avons dans notre cerveau une barrière de protection pour les contaminants et polluants. Sachez que l’éthoxyquine est l’un des seuls polluants à pouvoir traverser cette barrière et affecter notre cerveau. Comme les effets ne sont pas encore très mesurables, il est difficile de se prononcer, mais ce n’est certainement pas positif. Il y a bien eu des études, mais dont la publication a été empêchée. Conspiration? C’est ce que le documentaire nous laisse croire puisque, dans le cas de la Norvège, la ministre des Pêcheries possède plusieurs piscicultures. Conspiration ou pas, il y a certainement conflit d’intérêts. On retrouve ce même problème au Canada.

Salmon Confidential

Le documentaire canadien se concentre surtout sur les problèmes en Colombie-Britannique. Depuis les années 1990, la présence de saumons sauvages dans le fleuve Fraser a drastiquement chuté. Cela coïncide avec l’arrivée de fermes piscicoles qui s’installèrent sur la route de migration des saumons.

D’abord, les fermes, installées à même les cours d’eau et délimités par des filets, sont de vrais bassins de pathogénies, virus et bactéries. Durant leur trajet, les saumons sauvages traversent ses eaux corrompues et attrapent des parasites (comme le pou du saumon) ou propagent les pathogènes à travers tout le réseau hydraulique.

Comme les compagnies ont le droit de garder les cas de maladies sur leur ferme secrets, il est impossible d’enrayer la propagation d’une épidémie. En Colombie-Britannique, le plus grand problème concerne que les saumons d’élevage côtoient les saumons sauvages et déciment les espèces sauvages.

Conflit d’intérêts

Des traces d’isavirus, de Salmon alphavirus (attaque le pacéreas des poissons) et de Piscine reovirus ont été trouvés dans le fleuve Fraser. L’isavirus rend le poisson anémique et il meure souvent avant d’avoir pu se reproduire. Le piscine reovirus quant à lui rend le cœur du saumon si mou qu’il meure de crise cardiaque lorsqu’il essaye de remonter le cours d’eau. Étrangement, 80% des saumons sauvages disparaissent lorsqu’il faut remonter la rivière. Le problème avec les fermes, c’est que les poissons malades peuvent survivent puisqu’il n’y a pas de prédateurs. Ensuite, ils contaminent massivement tous les autres.

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L’Agence Canadienne d’Inspection des Aliments

L’ACIA a refusé de reconnaître ces contaminations bien que d’autres laboratoires externes le prouvent. Pourquoi? Parce que si le Canada affiche qu’il est affecté par l’isavirus, il ne pourra plus faire de transactions internationales de saumons. Finito le commerce de saumon avec la Chine, finito le commerce de saumon avec les États-Unis. Le conflit entre le soutient à l’industrie de l’élevage et le maintien des espèces sauvages s’expliquent encore une fois par l’argent.

En plus, dans le documentaire, des chercheurs ont analysé quelques saumons achetés chez Loblaw, provenant de la Colombie-Britannique. 3 des 11 poissons analysés étaient contaminés par l’isavirus. Une fois cuit, le virus est éradiqué, mais pas en sushi ou Tartare. De plus, en lavant le poisson malade, l’eau retourne dans le système d’aqueduc en transportant le virus ce qui encourage la propagation. Quels sont les impacts sur l’humain? Aucune idée, puisque les études ne sont pas autorisées.

Au final, mon gros bon sens préfère tout de même un poisson en santé à un poisson malade. Je vous laisse sur quelques faits saillants en image et pour ceux qui ne peuvent se passer de poissons, je vous invite à pêcher dans des cours d’eau propres durant les vacances d’été!