Je parlais du livre la jungle dans mon dernier article, car j’avais souvent entendu l’impact qu’il avait eu. J’ai eu envie de le lire au complet et je suis restée pleine de questionnement. Si le livre dépeint effectivement la qualité médiocre de la viande (c’est vraiment dégueulasse), c’est aussi un portrait du capitalisme sauvage. En fait, c’est un portrait de ses victimes. On est en 1906. C’est-à-dire à une époque où la corruption est partout, la brutalité et la collusion policière, l’exploitation des travailleurs, des enfants, des femmes, etc.
Si le livre nous laisse sur le socialisme naissant et une once d’espoir, 111 ans plus tard où en sommes-nous? Où est cette belle collectivité rassembleuse? Il y a toujours le 1% et les autres. La corruption, collusion et la brutalité policière y sont toujours. Certes, leurs techniques de tricherie sont plus complexes et cachées. Il y a plus de lois et de règlements, mais autant de méthodes de contournement.
Oui, il y a plein de choses qui ont changé. On travaille maintenant moins d’heures par semaine et moins physiquement. Les enfants ne sont plus exploités dans les usines et les femmes gagnent (presque) un salaire égal à celui des hommes. En tout cas, si on le limite à l’Occident.
Capitalisme sauvage sans frontière
Je pense au Bangladesh et ses millions de travailleurs des usines de textiles. Où des enfants travaillent, où les heures sont longues, où il y a des châtiments corporels. Où les employés sont enfermés à double tour toute la journée au risque d’être brûlés vifs lorsque des immeubles dangereux passent au feu chaque année.

effondrement du rana plaza en 2013 (plus de 1100 morts)
Dans La Jungle on se rend compte que la viande en conserve peut contenir des ouvriers qui sont tombés dans la préparation, ou des rats empoisonnés. Sans parler de la qualité de la viande extrêmement avariée. Les États-Unis de l’époque mélangeaient du Méthanal (genre de formol) au lait pour bébé. On n’est pas très loin de la Chine et des scandales de lait à la mélamine et de la sauce soya aux cheveux humains. Sans parler des faux oeufs fabriqués chimiquement, le faux riz à base de patates et de plastique, etc.
Le caca de la viande
N’allez pas croire que c’est vraiment mieux maintenant. Même ici. Si l’abattage se fait encore de manière douteuse en Occident. (Pour plus de détail, un petit article intéressant à lire ici). C’est sans parler de la majorité de la viande aux E-U. qui est en contact avec des matières fécales*. Bonjour E. coli!
Testing shows 88% of pork chops, 90% of ground beef and 95% of chicken breasts sampled were contaminated with fecal bacteria. Étude complète : ici.
Ouais, mais au Québec, c’est pas pareil. Vraiment? Voici un petit extrait d’un article du Devoir qui s’inquiétait de l’auto-inspection des compagnies (petit cadeau d’Harper à notre législation). C’est-à-dire que c’est maintenant les compagnies qui sont responsables de faire des vérifications qui relevaient auparavant de l’État.
La drogue
Si les techniques pour remettre de la viande avariée en circuit étaient bonnes en 1906, imaginez celles d’aujourd’hui. En plus, selon le documentaire What the Health, il y aurait jusqu’à 450 médicaments qui sont donnés aux animaux que nous mangeons. Évidemment, on ne sait pas quels sont les risques sur la santé humaine. Sachant que c’est super grave de mélanger des médicaments (aussi anodin que des tylénol), qu’en est-il de ceux qu’on ne connaît pas?
Ironiquement, il semblerait que 80% du revenu des pharmaceutiques provienne des ventes aux éleveurs. Si c’était le cartel de la viande et celui des chemins de fer qui dominaient à l’époque d’Upton Sinclair, ce sont la production animalière et les pharmaceutiques aujourd’hui. Viande, lait, oeuf, poissons, etc. tout y passe. Encore le pauvre monde qui se fait fourrer et qui se rend malade.
L’Occident (ou L’Accident)
Comment dire non à la machine? Comment se sauver des ramifications du 1% qui me poursuivent dans tous les aspects de ma vie? J’aimerais bien me faire sacrer patience de temps en temps… C’est pas comme si j’avais choisi. On dit que ça fait partie du contrat social, de la vie en société, mais j’ai rien signé, moi. Il y a des clauses qui devraient être revues. Je n’ai pas non plus envie de me terrer au loin et essayer l’autarcie, car je suis nulle avec les plantes.
Si les humains ont toujours tenté de contre-réagir, soit par la révolution, les bonnes intentions du socialisme ou du communisme, ils ont trouvés le capitalisme qui les a écrasés. Peut-être que le végétalisme, le minimalisme et le zéro déchet sont, en quelque sorte, un pti fuck you bien doux a big brother, tout en jouant au même jeu. Ou au moins ça nous permet de leur sourire, en croisant les doigts derrière notre dos.
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