Il est frais mon poisson

L’aquaponie, ça vous dit quelque chose?

L’aquaculture est largement connue, mais l’aquaponie, bien que ce soit une vieille méthode de culture, est de plus en plus «re-tendance».

Vous avez peut-être vu la ferme verticale d’ÉAU au marché Jean-Talon en exposition depuis juin et qui le sera jusqu’au 13 octobre. Dans le cadre des conférences de l’école d’été sur l’agriculture urbaine (AU), le cofondateur d’ÉAU, Olivier Demers-Dubé,  nous a expliqué son projet.

L’aquaponie c’est quoi et ça vient d’où?

En bref, l’aquaponie d’ÉAU (écosystèmes alimentaires urbains) est un système fermé. C’est-à-dire que les poissons vivent dans des bacs remplis d’une eau qui circule à travers le circuit. On nourrit les poissons, qui émettent des déchets (bactéries, urines, selles, etc.) qui sont d’excellents nutriments pour des plantes de culture rapide; bette à carde, basilic, laitue, bok choy, etc. Ces plantes sont disposées comme dans un système d’hydroponie, les racines directement dans l’eau. Celles-ci filtrent l’eau et la rendent propre à nouveau avant qu’elle ne soit retournée aux poissons.

Aztec-chinampasLes Aztèques utilisaient ce principe par la création d’îlots flottants artificiels (chinampas) qui étaient entourés de canaux reliés à une source d’eau plus importante. Ainsi, les Aztèques étaient capables récolter quatre fois par an. Les rizières en Asie exploitent aussi ce concept. Les sols sont donc continuellement fertilisés avec l’activité des poissons, amphibiens et mollusques qui sillonnent à travers les canaux, en plus de contrôler un peu les insectes qui pourraient ravager les cultures.

Les avantages de la ferme verticale

La beauté du projet d’ÉAU réside dans sa comptabilité avec la réalité de la ville.

  • Pas besoin de beaucoup d’espace; on multiplie la production de dix fois par mètres carrés de superficie en disposant les plantes sur des étagères.
  • Pas besoin de beaucoup d’eau; le système utilise 80% moins d’eau que l’agriculture traditionnelle.
  • Pas besoin d’engrais; les poissons fertilisent les plantes.
  • Pas besoin de terre; seul un substrat composé de matières recyclées est utilisé pour stabiliser la plantes dont les racines baignent dans l’eau.
  • Pas besoin de pesticides puisque l’environnement est totalement contrôlé.

En plus, ÉAU offre la possibilité de cultiver à l’année longue parce qu’on utilise de la lumière artificielle et du chauffage.

ferme ÉAU - agriculture urbaine MontrealUn potager intérieur

ÉAU offre une ferme verticale super intéressante, mais qui produit comme une industrie et qui, par conséquent, demande un travail considérable. En effet, pour ce seul prototype lancé en juin, 400 plants de légumes ont été cultivés et 500 tilapias sont actuellement dans les bassins (bien qu’ils ne soient pas encore arrivés à leur maturité pour être consommés).

Dans une autre conférence, sur la maximisation de production agricole domiciliaire, un des participants, Ricardo Vera, nous a présenté son Yaku – Kitchen MicroFarm. Vous pouvez trouver le plan de construction avec la liste de matériaux et leurs coûts ici.

Yaku-Kitchen MicroFarmÀ l’instar d’ÉAU, M. Vera utilise l’aquaponie, mais de manière décorative. Je trouve l’idée tout simplement géniale. D’abord l’étagère ne prend pas tellement de place puisqu’elle fait la taille d’un buffet et ce prototype nous permet d’avoir des légumes frais en hiver à la portée de la main.

Un autre groupe de participants ont également monté un prototype similaire pour l’épicerie Loco – zéro déchet, qui vient tout juste d’ouvrir ses portes sur la rue Jarry. Comme le projet est installé dans la vitrine, les étudiants de l’UQAM qui ont bâti la mini ferme ont incorporé des escargots dans l’aquarium pour éviter que les algues ne se développent à cause de l’exposition à la lumière. (À mon avis, c’est encore plus esthétique. J’aime les escargots (•ө•)♡ )

Des prototypes de cette taille requièrent seulement quelques poissons; par exemple 5 jeunes tilapias pour 20-25 plants de légumes feuillus ou une douzaine de petits poissons, par exemple des poissons rouges.

Comme l’installation n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus esthétique dans une cuisine, le fait d’avoir un aquarium avec des poissons décoratifs peut pallier au look. Ou on peut tout simplement construire l’étagère avec des matériaux plus beaux (par exemple, du bois de grange).

L’avantage de ces deux prototypes est qu’il n’y a pas de terre dans la maison. Donc, moins salissant pour les manipulations et aussi pas besoin d’avoir un endroit pour faire du vermicompostage (si on veut des légumes à l’année longue).

D’autres plans de construction moins coûteux que le Yaku sont également disponibles ici pour les curieux.

Icitte on a le pouce pas mal vert ET bleu.