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Comme mentionné dans mon article de la semaine passée, le guide alimentaire brésilien ne se borne pas à cibler des normes, mais explique et éduque. Le ministère de la Santé apporte aussi une vision intéressante de l’acte de manger.
Manger n’est pas seulement le fait d’ingérer des nutriments ou des vitamines. C’est une action que nous devons valoriser et savourer. À plusieurs reprises dans le guide, le gouvernement réitère l’importance de faire les repas ensemble. C’est-à-dire de les planifier, de faire les courses, de cuisinier, de manger et de faire la vaisselle ensemble. On indique également l’importance d’impliquer les enfants le plus tôt possible dans la tâche qui n’en devient plus une quand on n’est pas seul à la faire. L’idée c’est de dire que tout le monde mange, tout le monde participe et qu’il faut qu’il y ait des moments dédiés à la communication.
Comment décoder la satiété?
Selon le ministère de la Santé du Brésil, il est important de prendre le temps de manger en concentrant notre attention sur l’acte de manger. D’abord, pour ne pas avoir constamment faim, il faut avoir un horaire régulier de moments pour manger et il faut y porter toute notre attention. Pourquoi? Parce que la seule façon saine de contrôler la quantité que nous mangeons passe par notre habileté à décoder les signaux que nous envoie notre corps. Si nous sommes distraits, nous décodons moins bien les signaux et sommes plus portés à manger davantage. Donc, manger en écoutant la télévision, en lisant, en étant sur notre cellulaire, en étant debout ou en conduisant sont des comportements à prohiber.
Ça évite les chicanes!
Tranche de vie personnelle, mon mari et moi avons toujours été des maniaques de télé/séries/anime/films. Donc, le souper se faisait dans le salon, devant l’écran. Avec le travail temps plein, l’école en intensif pour lui, 3 cours par semaine pour moi, on finissait par se regarder les yeux vitreux. On trouvait qu’on ne passait pas assez de temps ensemble et quand on avait une fin de semaine de libre (c’est-à-dire jamais à cause de nos familles ou amis) on se pognait parce qu’on s’ennuyait l’un de l’autre.
Vous n’êtes pas obligés de me croire, mais quand on s’est mis à souper à la table, la dynamique a changé. Notre degré de communication a vraiment augmenté sans qu’on s’en aperçoive, sans que ça prenne d’effort.
Premièrement, plus de chicane sur : «tu me l’avais pas dit! J’ai déjà prévu telle affaire.»
Deuxièmement, on pouvait prendre le temps de planifier des projets ou partager notre vision sur comment le faire.
On pense qu’on sait où l’autre l’enligne dans la vie. C’est faux, parce qu’on ne parle jamais en profondeur de ça. Pas le temps. Lorsqu’on réalise que nos visions de s’arriment pas, alors qu’on était SÛR que l’autre voudrait la même chose que nous, la chicane pogne. Dans le fond, c’est tellement prévisible comme réaction, parce qu’en plus de l’effet de surprise, on est déçu.
Tout le monde sait qu’il faut favoriser un climat de communication, bla bla bla, mais à quel moment? Le souper.
Vaisselle sale
Je me souviens de notre ancien appart : la vaisselle ne sortait jamais du rack. Il n’était jamais vide, toujours rempli par de la nouvelle vaisselle. On la laissait traîner ce qui n’incite pas à se faire un repas, parce qu’il faut commencer en faisant la vaisselle antérieure. Le cercle vicieux c’est que ça te tente pas d’essuyer ni de refaire la vaisselle du jour après, parce que ça fait deux batch ! Solution : pizza et frites devant la télé (plusieurs fois par semaine).
Le guide alimentaire suggère de toujours manger dans un endroit propre, tranquille et non chaotique. La vaisselle qui traîne c’est chaotique, même si elle ne reste là qu’un soir. C’est agressant comme environnement et c’est pas reposant parce qu’en regardant la pile, on sait ce qui nous attend.
Il y a un seul truc pour la vaisselle, la faire au fur et à mesure et utiliser le moins de vaisselle possible. Un seul bol à mélanger suffit, une seule casserole, une seule poêle, un seul couteau, une seule planche. Deux assiettes, deux fourchettes et un seuls verre et couteau (c’est plus romantique anyway). C’est très possible et agréable et ça fait qu’on savoure plus le moment parce que le gros est lavé avant même qu’on ait posé nos fesses sur la chaise.
Une fois le souper fini, c’est presque sec, on essuie grossièrement, lave le restant, qui va sécher d’ici le moment d’aller se coucher. Simple, facile et efficace. Aucune excuse pour pas se coucher avec une cuisine propre. De toute façon, si vous mouriez demain et que vos proches voyaient l’état de votre appart, que diraient-ils? «Ouash, c’est comme ça qu’elle vivait?»
Partager le «fun»
Depuis qu’on soupe ensemble et que j’ai plusieurs cours par semaine, mon chum fait les repas et les lunchs pour la moitié de la semaine. Quand les tâches sont 50/50 ça fait déjà une méchante différence. Attention aux control-freak-que-c’est-pas-bon-si-c’est-pas-à-ta-manière! Faut accepter le souper qu’on nous sert sans chialer, car sinon la personne ne développera jamais de talent culinaire.
Comme le guide alimentaire brésilien le spécifie, il est important d’acquérir des habiletés en cuisine. Premièrement, quand on est bon, on est plus rapide et efficace ce qui sauve du temps à une tâche quotidienne. Deuxièmement, on aime toujours mieux faire quelque chose dans lequel on est bon. C’est plus valorisant.
Ok oui, le plat de concombres chauds que m’a servi mon mari était pas trop bon. Par contre, j’ai eu aussi des échappés (beaucoup, en fait) avec la cuisson de mon côté. Pis mes pains aux bananes sont vraiment laids. C’est en forgeant qu’on devient forgeron, et maintenant il fait des soupers meilleurs que les miens.
Le guide alimentaire brésilien et l’implication citoyenne
Un autre truc que j’ai trouvé fou dans le guide alimentaire brésilien est que le ministère de la Santé incite les gens à s’impliquer au niveau citoyen. Il recommande de participer à des cuisines communautaires et encourage l’achat à des producteurs locaux. En plus, il incite les citoyens à acheter de la nourriture biologique. Il incite aussi la population à faire pousser des fruits ou légumes sur leur propriété, sur les balcons ou même dans la maison afin de faciliter l’accès à des produits frais. Le guide mentionne même d’éviter de magasiner dans des supermarchés. Il préconise d’aller à la rencontre de producteurs locaux renforce le lien que nous avons avec la nourriture. C’est vrai, quand je vais dans un marché public, je ressens la vibe, et je l’apprécie. C’est beaucoup plus humain que le samedi matin à se rentrer dedans au Provigo avec une ligne de 30 minutes à caisse.
Bref, il faut savourer le moment (ma résolution 2017!). En récapitulant, le gros à retenir c’est de favoriser le faire-ensemble et se concentrer sur ce qu’on fait pour l’apprécier. Que ce soit en couple, en famille, entre amis ou entre coloc, c’est important de souper avec du monde. Quitte à sortir un peu plus si on vit seul. Au lieu d’aller au resto, pourquoi on ne s’inviterait pas mutuellement à se faire une bouffe?
Bon appétit !
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