Des billets de 21$

Je suis récemment allée au cinéma voir le documentaire Demain, déjà sorti depuis 2015, par Cyril Dion et Mélanie Laurent.

Ce qu’il y a de bien dans ce documentaire concerne l’approche positive de dossier alarmant. On voit ce que des gens ont mis en place avec pour idée de départ de simplement faire de son mieux sans trop d’attente. Toutes ces initiatives ont mis un baume sur mon accablement face aux problèmes de destruction de nos sociétés tant sur le plan humain qu’environnemental.

On y parle de monnaie locale, concept que je ne connaissais pas du tout et j’ai adoré!

Surtout l’anglais Rob Hopkins qui a vraiment les oreilles décollées et de grandes dents comme le veut le stéréotype. Je n’ai pas ri de lui, mais plutôt des billets de 21$ qu’il a mis en circulation dans sa ville. Quand on lui demande pourquoi 21$? Il répond tout simplement un truc du genre : Juste parce que je peux le faire, pourquoi pas? C’est toujours mieux que d’avoir le visage de la reine sur les 20$! 

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Illégale, la monnaie locale?

Grosso modo, c’est légal, même si le billet n’a pas cour légal. Il suffit que quelqu’un attribue une valeur à cette monnaie et soit prêt à la transiger pour que ça fonctionne. Aussi, certaines monnaies locales sont convertibles avec la monnaie nationale pour éviter des problèmes d’hyperflation.

C’est quoi l’avantage? Si l’argent reste dans la communauté, elle circule drôlement plus rapidement (volatilité) et produits de plus grands bénéfices par unités.

Si les gens utilisent cette monnaie et reçoivent leur salaire dans celle-ci, ils vont faire vivre les commerces de leurs villes qui eux vont acheter de fournisseurs locaux également puisque leurs bénéfices sont en devise locale. Au lieu de prendre un fournisseur étranger, ils vont stimuler l’emploi et réduire les coûts de transport en plus de limiter la pollution, quesse tu veux de plus?

Ce que j’aime beaucoup du concept concerne la spéculation. Comme les monnaies nationales sont spéculatives, elles fluctuent beaucoup au gré des marchés; comme nous l’avons vu récemment avec chute du prix du baril de pétrole qui a considérablement affecté le dollar canadien. La baisse de notre dollar baisse le pouvoir d’achat des consommateurs.

Mais, attention, les monnaies locales ne sont pas aussi sensibles! Prenons exemple sur les Suisses, les PME utilisent un dollar local, le Wir, et donc il ne fluctue jamais ce qui fait que les fournisseurs entre eux savent toujours comment les marchandises coûtent. Fini incertitudes des prix! 

Coopérer

Ça m’interpelle beaucoup, car nous avons au Québec une tradition de coopérative très forte. Je ne pense pas seulement à Desjardins, mais à notre industrie agricole, des gros comme Métro (épicerie), etc. Et pourquoi avons-nous cette tradition? Petite leçon d’histoire, quand nous avons été conquis et que les Français «nobles» ont foutu le camp en laissant le peuple à l’abandon, et bien ils sont aussi partis avec l’argent. Sans capital, impossible de se bâtir une maison et encore moins monter une compagnie. Alors les gens se sont mis ensemble. En amassant le peu de capital qu’ils avaient tous, ils ont ainsi pu financer la croissance de leur société, comme quoi l’union fait la force.

Dans ce monde truffé de récessions et de courses à la croissance, il est nécessaire de penser alternativement. Jamais nous ne réduirons les gaz à effet de serre si nous n’employons pas une décroissance. Pour le bien du global, il faut vivre local. Je lève donc mon chapeau à toutes les monnaies alternatives sur la terre et celles qui se trouvent aussi icitte, dans les Laurentides, à Montréal et en Gaspésie.

Les maudites religions néo-libérales

Comme le dit M. Derudder qui a parti la monnaie locale dans les Laurentides, 3% seulement des devises nationales servent à notre croissance. L’argent appartient aux banquiers et à leurs actionnaires. Ils se battent dans leur propre intérêt et je crois que nous devons le faire aussi pour nous autres. Personne ne le fera à notre place c’est pourquoi si la ville, le village ou le quartier meurent, nous sommes en partie responsables. N’est-ce pas fantastique de cajoler l’idée d’une certaine autosuffisance et d’avoir enfin la paix avec les crises économiques et les campagnes de peur et d’austérité?

Comme c’est le temps des vacances et de se promener au Québec, je vais me risquer à poser la question aux commerçants et je vais adhérer au projet. Je préfère de loin dépenser en devise locale maintenant que je saisis l’impact positif que ça peut avoir sans que ça change quoi que ce soit pour moi. Enfin, c’est pas totalement vrai, ça m’apporte en plus la satisfaction d’avoir pris une bonne décision et de l’avoir fait pour le monde d’icitte.

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