La poubelle province

En lisant l’article «Les océans malades du réchauffement» paru dans le Devoir en septembre, je me suis sentie vraiment paniquée. Toutes les bribes entendues par-ci par-là concernant le zéro déchet faisaient vraiment du sens et j’ai décidé de m’informer plus sérieusement. La première étape fut de louer à la bibliothèque le documentaire «La poubelle province» et j’en suis restée estomaquée.

La-Poubelle-Province-icitteQuebec

Pires que les Américains

Premièrement, c’est dur d’accepter que les Québécois soient les pires au Canada en terme de quantité d’émission de matières résiduelles, mais c’est encore plus dur d’avaler qu’on est pire que les citoyens des États-Unis. Bien franchement, je suis hyper déçue. Ce qu’on fait icitte marche pas pentoute ! C’est tout simplement un non-sens et un système complètement arriéré. C’est la preuve que nous avons des lacunes en terme d’éducation et que notre je-m’en-foutisme à de sérieux impacts sur la société.

Deuxièmement, nos politiques en terme de récupération de matières résiduelles sont nulles, voire inefficaces. En plus, nous sommes les seuls au Canada (avec la Saskatchewan) à ne pas consigner les bouteilles de vin, élément le plus dur à trier dans le processus parce que ça brise facilement.

Laxisme gouvernemental

Non seulement on enfouit la majeure partie de nos déchets dans des sites d’enfouissement qui émettent des biogaz dangereux, mais, en plus, le gouvernement a statué que les compagnies étaient responsables de s’autoréguler. Pourquoi? Parce que nous avons tellement coupé dans le ministère de l’Environnement, que nous n’avons pas assez d’agents pour aller vérifier nous-mêmes. Juste pour donner une idée, les dépenses pour le ministère de l’Environnement ont été compressées de 65% entre la fin des années 1990 et le début des années 2000. Je n’imagine même pas quelles sont les statistiques avec les coupures récentes de nos politiques d’austérité.

On incinère en rejetant les émissions dans l’air; on contamine les nappes phréatiques et en plus on met un dépotoir qui émet des biogaz nocifs directement à côté d’un hôpital (à Lachenaie).

Dépotoir Lachenaie Terrebonne - Icitte.Quebec

À titre informatif, il n’y a que 5 dépotoirs au Québec, qui sont gigantesques et accueillent tous nos déchets, et deux d’entre eux appartiennent à des multinationales américaines qui s’en foutent pas mal des retombées dommageables. Les 3 autres appartiennent à des traitres avides d’argent qui sont bien d’ici. Franchement, l’ampleur de la corruption dans notre société dépasse la simple politique et la construction; elle touche même nos vidanges.

Brûler des pneus

Comme si ce n’était pas assez, notre système de recyclage bat de l’aile et peine à se moderniser. Le gouvernement n’essaye pas de l’aider et mise sur les ordures au lieu de mettre en place des initiatives qui favorisent la récupération. De plus, notre gouvernement classe le fait de brûler des pneus comme de la valorisation de matière puisqu’on «réutilise» des matières qui finiraient aux poubelles. Faque ça veut dire qu’acheter des vieux pneus aux autres provinces pis les brûler au lieu d’acheter du charbon pour faire de l’énergie c’est ÉCOLOGIQUE selon notre gouvernement. En passant, les provinces qui nous vendent (et oui…) leurs vieux pneus n’ont même pas le droit de les brûler sur leur territoire puisque c’est illégal dans leur législation.

Le but du recyclage, c’est de réutiliser la matière et la réinsérer dans le cycle économique pour éviter que les compagnies de rachètent des matières premières neuves (qui viennent surtout de l’étranger, donc plus de transport et plus d’importation). Bin savez-vous quoi ? On vend nos matières recyclées en Asie. L’argent de nos impôts utilisée pour faire du triage devrait servir à nos compagnies d’ici, mais on les vend à l’étranger pour ensuite acheter d’autres matières premières à l’étranger, beau paradoxe. En tout cas, les mots efficaces et efficients qui sont censés être l’adage de notre gouvernement ne sont pas du tout respectés.

Prendre exemple sur la Nouvelle-Écosse

Nouvelle-Écosse - Icitte.Quebec

En regardant le documentaire, je m’aperçois que notre situation est juste une question de mauvaise volonté. La Nouvelle-Écosse est la championne d’une saine gestion des matières résiduelles.

Tout d’abord, la province a fait beaucoup de sensibilisation et a passé des règlementations pour forcer le recyclage et le compostage. Elle consigne également tout ce qui est en vitre, les cartons de jus (petits ou grands), les conserves, les bouteilles de plastique, etc. Bref, elle consigne pas mal d’objets, ce qui amène un allégement du triage et les matières réutilisées sont donc presque pures. Je m’explique. Comme citoyenne de Montréal, je sacre tout dans le même bac. Le papier perd ainsi de sa qualité de récupération parce qu’il touche à d’autres contenants qui, s’ils ne sont pas impeccablement nettoyés, laissent quelques gouttes de liquide X sur le papier et le carton. Dans le transfert des bacs via le camion, via le centre de tri, nécessairement il y a des bris. Comme les verres se mélangent entre eux, ils perdent de la pureté, car les couleurs se mélangent (blanc, brun et vert). Aussi, il devient difficile de trier des morceaux de vitres et donc on assume également une perte de morceaux qui finit sur un site d’enfouissement.

Je pourrais continuer ainsi, mais en gros, si nous avions un système de consigne en place, les matières seraient isolées à la base et dont facilement re-transformable et de qualité supérieure pour les compagnies puisque celles-ci ont besoin de la matière la plus pure possible pour créer de nouveaux produits.

La lueur au bout du tunnel

Biométhanisation Ste-Hyacinthe - Icitte.QuebecIl y a tout de même deux villes au Québec qui ont misé sur un bon système de gestion de matières résiduelles, soient Victoriaville et Saint-Hyacinthe. Cette dernière a construit un système de biométhanisation qui fonctionne presque de la même façon que le système dont j’ai parlé dans l’article sur la laiterie de Charlevoix. Rapidement, on fait du gaz naturel et des engrais de façon propre avec les déchets des citoyens et des entreprises de la ville.

 

 

Gaudreau Environnement - LogoÀ Victoriaville, on parle d’un imposant système de recyclage. L’entreprise privée Gaudreau environnement est la seule au Québec à traiter les 7 types de plastique (y compris le polystyrène) puisqu’ils ont beaucoup investi dans une meilleure technologie en comparaison avec les autres compagnies de recyclage. C’est également une des seules compagnies à pouvoir traiter les contenants d’aluminium (canette de liqueur) et les contenants d’huile à moteur. Elle revend ses plastiques sous forme de granules se qui facilite la revente et le transport. Son expertise dans le triage lui confère des qualités de matériel de loin supérieures à la moyenne québécoise.

Pour conclure, il suffit de trier nos bacs, de composter et de consigner plus de produits pour faire une méchante différence. Des initiatives comme celles-ci devraient être à l’ordre du jour de nos prochaines élections puisqu’elles sont également assez simples à mettre en place. En attendant, nous pouvons souligner notre appui en remplissant le formulaire de pro-consigne, un organisme qui milite dans ce sens (C’est un appui non financier, à mi-chemin entre la pétition et un «like Facebook» mais plus formel). Sur ce, je vous invite sur le site de Radio-Canada qui nous montre un troublant compteur de notre émission de déchets en direct.

 


Comments

One response to “La poubelle province”

  1. France Lemieux Avatar
    France Lemieux

    merci pour cette belle prise de conscience. Je ne savais pas que le Québec achetait des pneus! ouf. inquiétant. Notre MRC s’est impliquée depuis plus de 10 ans dans le dossier des boues d’épuration que le beau PGMR -Plan de Gestion des Matières Résiduelles- prévoit valoriser (encore)par épandage sur les terres agricoles. On en sait pas mal… si ça peut être utile. https://www.facebook.com/groups/159397752014/?ref=bookmarks